Lundi 16.00 - mon bureau Lewis street .
Le week-end s'est déroulé normalement.. Aucune manifestation de la police.
Peut-être le tuyau de l'archevèque était-il crevé, Pourtant ... enfin, c'est bien mieux comme celà . " wait and see ".
On tambourine dans ma porte ... Je n''ai pas le temps de crier " come in ! " qu'un paquet de militaires aux uiformes verdâtres déboule dans mon bureau, en gueulant dans leur langue que je ne comprends pas, suivi d'un jeune officier BC.BG qui commence par saluer et s'adresse à moi en anglais.
Il commence par s'excuser ( " I'm so sorry to disturb you but ... " ) et m'informe qu'il a l'ordre de m'arrêter et que je veuille bien le suivre. Je suis toujours assis à mon bureau et l'invite à s'asseoir.
Il préfère rester debout ( mauvais signe ). Je commence par lui faire part de ma très grande surprise de voir traiter ainsi un représentant d'une compagnie nationale étrangère et lui demande de bien vouloir, avant de m'embarquer, en référer à ses supérieurs , en leur faisant savoir que, en tant que représentant de la compagnie nationale Air France, je bénéficie de la protection ( ?? ...! ) de mon ambassade à qui il faut que j'en réfère et que, pour prouver ma bonne foi, je me considère comme prisonnier sur parole. Qu'il veuille bien en faire part à ses supérieurs. Il est d'accord , me demande de lui rettre mon passeport et quitte mon bureau me laissant sous la garde de ses sbires.
Une heure plus tard, il refait surface et m'informe que son commandement est d'accord pour que je réside à l'Hotel Inya Lake ( le meilleur de Rangoon ) avec ma famille, sous surveillance de la police bien sur, et que je serai libre de mes mouvements sous réserve de ne pas quitter la ville. Que demande le peuple ? Par un télex , sur notre réseau privé, j'informe de la situation le représentant d'Air France à New-Delhi dont je dépends.
... et je mène la vie de palace sur les bords du lac. Le cuisinier est belge et c'est un ami. Je me rends à mon bureau, tous les matins, escorté par deux voitures militaires. Jusques au jour où je suis convoqué à la direction des "Affaires spéciales". Vent de panique. Auraient-ils changé d'avis et vont-ils m'expédier à la prison de Mandalay?
Reçu par un officier très sympathique :
-. La vie pour vous et votre famille ne doit pas être drôle ici?
-. Nous avons connu pire et nous sommes reconnaissants aux autorités des conditions
particulières dont nous bénéfissons.
-. Nous avons décidé de vous autoriser à reconduire votre femme et vos enfants en France ,à condition que vous vous engagiez à venir vous remettre à notre disposition dans un délai d'une semaine... ou de l'art de ne pas perdre la face ... Ils m'attendent toujours.
En conséquence, si vous portez mon nom, évitez d'aller batifoler dans ce pays.
Illustration : Ung san suu kyi.
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