Bobo-Dioulasso ... c'est une bien belle "capitale", mais, malheusement, on en a rapidement fait le tour et épuisé les rares centres d'intéret. Aussi, toutes les occasions sont bonnes pour s'évader.
Un jour, avec deux amis expatriés comme nous, nous avons décidé d'aller visiter un village indigène perdu en brousse, à une trentaine de bornes de Bobo. Embarqués dans notre imprévisible 2 cv, nous avons roulé sur la redoutable piste de latérite qui mène à Banfora.
Heureusement (si on peut dire), nous sommes en saison sèche. La piste à l'aspect de la "taule ondulée" et transforme la 2 cv en planche à secousses. Nous évoluons dans un nuage épais de poussière rouge. Après deux heures de route la poussière collée par la sueur nous fait ressembler à des indiens de Guyane. Hormis celà, pas de difficultés particulières. Nous n'avons rencontré aucun éléphant ou autres bestioles que notre passage aurait pu déranger. Arrêtés à proximité du village, nous terminons à pied par un sentier dans les hautes herbes.
Accueil par une bande de gosses, garçons et filles, vètus seulement de "probité candide".
Ils nous amènent ,en jacassant un mélange de français et de sabire local, jusqu'au village. Une dizaine de case en terre sêche. aux portes basses et sans autre ouverture. Les femmes, poussées par leur curiosité naturelle, rappliquent. Ce sont des "femmes feuilles." Leur seul costume, à partir de la puberté, est quelques feuilles à l'avant et quelques feuilles à l'arrière, destinées à protéger leur intimité. Elles sont peu causantes et se contentent de nous sourire et de pouffer de rire en échangeant des appréciations sur nos petites personnes. Les gosses se débrouillent assez bien en français et vont nous servir d'interprètes.
Première chose, aller saluer le chef de village. Vieillard sans âge, édenté, paupières rouges tombantes, oreilles ébrèchées, regard éteint. Echange de poignées de main. Apparemment, il est complètement étranger à nos politesses. Nous lui offrons une cigarette et lui laissons le paquet, son oeil s'illumine. C'est pas encore gagné ; mais c'est bien engagé ! Un des gosses, le plus futé, lui explique, avec force gestes ,que nous voudrions lui acheter un de ses petits cochons qui barbotent dans le marigot. Il ne répond pas mais engage moultes palabres avec deux villageois. Enfin, il fait savoir qu'il serait d'accord à 100 Frs CFA. Considérant que ce n'était qu'un prix d'appel, je fais une contre-offre à 50 Frs et nous transigeons à 60 plus un paquet de cigarettes. L'affaire est dans le sac et le cochon dans la 2 cv. Distribution aux gosses de pièces de monnaie et de sourires aux dames.
Ce cochon ... parlons-en ! De la race des "cochons planches" reconnaissables à leur morphologie efflanquée, pesant à peine 5 kgs, va nécessiter une période de sur-alimentation sérieusement contrôlée. D'un caractère assez enjoué, il va passer des jours heureux dans notre jardin avec les poules et les pintades ....
... jusqu'au jour où ayant atteint un poids respectable, nous avons déccidé de le faire transformer par le boucher en piéce de rôtisserie ... que nous avons cosommée entre amis autour de quelques bouteilles de Nabao (vin portugais très apprécié en Afriqque de l'ouest).
Sic transit ...
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